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4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 16:30

 

 

Le 4 février 2016, Maurice White décédait des suites de la maladie de Parkinson. Je vous propose de lire ou de relire un article publié il y a cinq ans, article qui est un compte rendu de lecture de l'ouvrage autobiographique, paru à titre posthume en octobre 2016, de Maurice White "My life with Earth Wind and Fire". 

Sans entrer dans le détail, Maurice White nous raconte son enfance  et son adolescence  dans le contexte ségrégationniste de la ville sudiste de Memphis (Tennessee), son amour naissant pour la musique et la batterie en particulier, puis son départ pour Chicago après l’obtention de son baccalauréat pour retrouver sa mère et son beau-père le docteur Verdine Adams senior. A Chicago, il prendra la décision de devenir musicien professionnel. Sans concession, il évoque les difficultés pour intégrer le monde de la musique et du jazz en particulier, ses débuts chez le label « Chess Record », sa participation à la batterie au sein du groupe d’afro-jazz « The pharaohs » et dans le Ramsey Lewis Trio avant de partir pour la Californie afin de créer un groupe à partir de son thème astrologique où l’eau était absente « Earth, Wind and Fire ».

Il est à noter qu'au sein du groupe the Pharoahs, il va jouer avec louis Satterfield, Don Myrick et Rahm lee Davis qui formeront l'historique et inégalée section de cuivres d'EWF "the Phénix Horns." 

Dans cette aventure humaine, spirituelle,  musicale et commerciale, il sera toujours soutenu et secondé par son jeune frère, le bassiste Verdine White.  Dans son œuvre créatrice comme dans sa vie privée, Maurice White accorde une grande importance à la spiritualité jamais synonyme de bondieuserie, il se définit comme un croyant libre de toute entrave imposée par les religions révélées monothéistes, il s’adonne à la méditation, pratique le yoga et avant la vogue du « bio »  et des « végans », il bannit la viande de son alimentation. Par le biais les compositions musicales ainsi que les textes du groupe, du moins dans les années 1970, Maurice White veut partager avec son public ses connaissances acquises en matière philosophique, spirituelle, d’égyptologie. Le poète Khal Gibran, auteur du livre « Le prophète » exerce une influence sur sa vie, à tel point qu’il appellera  son fils Khabran. Il sera marqué par la mystique de cet auteur, caractérisée par l’unicité de l’existence et l’union à Dieu. Ce syncrétisme caractérisera Maurice White et son ouverture d’esprit vers les autres  cultures, extra-occidentales de préférence, néanmoins ce dernier n’a jamais renié ses origines africaines bien que devenu boudhiste. L’Égypte ancienne va occuper une place centrale dans sa vie, les pochettes d’albums (Spirit, All in All, Iam) réalisées par le dessinateur japonais Shinsei Nagoaka en seront les projections extérieures. Par deux fois, il se rendra en Égypte pour voir les monuments antiques et les pyramides en particulier. De par ses études personnelles, Maurice White a acquis la certitude que l’Égypte Ancienne était une civilisation négro-africaine.  Le lien avec le monde Noir est également symbolisé par le Kalimba, un piano  à pouce composé de lamelles métalliques que Maurice a découvert au contact du musicien Fred Humfreys et de sa fréquentation de « l’Afro Art theater » de Chicago où officiait Phil Cohran, un ancien musicien du Sun Ra Arkestra qui jouait lui-même d'un instrument appelé Space Harp. Cet instrument lamellophone inspirera également Maurice White.

Le Kalimba va contribuer à l’identité sonore du groupe, apportant une dimension spatiale et mystique à leurs albums des années 1970.

Aussi, le son du groupe est un creuset où se retrouvent les influences afro-cubaines, jazz, blues, musique populaire du Brésil découverte lors d’un voyage personnel en Amérique du Sud, soul et classique, sans que cela devienne du « cross over » de mauvais gout où l’identité musicale noire est niée.

Maurice déplore les stéréotypes machistes et matérialistes véhiculées par le Rap, son ambition était de faire de la musique populaire qui se voulait cultivée et digne, de mettre en valeur l’intelligence de l’Afro-américain,  et de ne pas le réduire à un cliché « hypersexué et décérébré ».

Ce livre fourmille d’anecdotes où rien n’est caché ou sous-estimé, Maurice White déclare avoir utilisé des produits stupéfiants pour mieux supporter sa maladie de parkinson, diagnostiquée en 1991, ni les circonstances ayant amené à la composition de titres célèbres comme Shining Stars, Spirit, Fantasy, September, boogie wonderland ou let’s groove.

On peut qualifier l’attitude de Maurice White de « négritude tranquille » tant dans ses rapports avec les Blancs qu’avec les Noirs, mais sans faire de concession dans le difficile milieu de l’industrie musicale. Maurice, adepte du développement personnel qu’il a découvert grâce au livres de Napoleon Hill (Les lois du succès), surmonte au cours de sa vie bien remplie, les échecs, d’abord celui de la première formation « Earth Wind and Fire », qu’il dissout après deux albums (1970 et1971) ne rencontrant guère de succès commerciaux, de la seconde dissolution en 1983, de la liquidation de son premier label de disques « american records », la vente de sa propriété de Carmel qu’il ne pouvait plus entretenir en raison de la baisse de ses revenus, le difficile retour de son groupe reformé en 1987 et une tournée américaine qui doit être interrompue pendant plusieurs semaines faute d’affluence du public. Persévérance, courage, talent et intégrité artistique ont marqué la vie de Maurice White. La dernière partie de son livre est particulièrement émouvante car il raconte sans détour, son combat contre la maladie de Parkinson à l’aide de la méditation et de la médecine traditionnelle, ses angoisses face à « l’évolution lente de sa maladie », sa volonté de créer malgré tout et d’être autonome. Il va remettre sur pied un nouveau label dénommé « kalilmba records », s’il ne participe plus aux tournées de son groupe, Maurice continue d’en produire les albums et même une comédie musicale qui sera jouée à Broadway.

En rédigeant ses mémoires, Maurice White savait que son temps sur Terre arrivait à son terme, car il écrit que ce livre sera le dernier album d’Earth Wind and Fire.

Pour ma part, j’espère que ce livre sera un jour traduit en français afin que le grand public découvre enfin un homme, qui n’était pas qu’un faiseur de « tubes pour danser » mais un authentique humaniste. J’en suis persuadé, le temps lui rendra cette justice.

 

 
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commentaires

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Merci beaucoup pour le partage, passez me voir.
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  • : Le blog de Kwamé Maherpa, auteur
  • : Ecrivain de Fantasy Epique et de Science-fiction, mon blog n'a pas unique objectif de faire connaitre mes écrits, d'écrire des articles sur mes auteurs favoris ou ceux que j'ai découvert mais il aura également une ouverture sur les faits politiques, sociaux et sur la réflexion.
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